Le Marteau des Sorcières, Malleus Maleficarum, a été le bréviaire des chasseurs de sorcières pendant deux siècles à travers toute l'Europe. Michelet en avait bien saisi l'importance, qui notait en 1862 : « Aux anciens pénitentiaires, aux manuels des confesseurs pour l'inquisition des péchés succédèrent les Directoria pour l'inquisition de l'hérésie qui est le plus grand péché. Mais pour la plus grande hérésie qui est la sorcellerie, on fit des Directoria ou manuels spéciaux, des marteaux pour les sorcières. Ces manuels ont atteint leur perfection dans le Malleus de Sprenger... » Michelet précise, en outre, l'emploi de ce livre avec une sûre intuition de la pratique judiciaire : « Le Malleus, qu'on devait porter dans sa poche, fut imprimé généralement dans un format rare alors, le petit in-huit. Il n'eût pas été séant qu'à l'audience, embarrassé, le juge ouvrît sur la table un in-folio. Il pouvait, sans affectation, regarder du coin de l'oeil, et sous la table, fouiller son manuel... »
De ce livre, capital pour la compréhension des contagions de sorcellerie du XVe au XVIIe siècle, on trouve des passages chez les démonologues comme Jean Bodin, le médecin Jean Wier, mais point le texte complet, qui apporte sur la vision du monde propre aux inquisiteurs et sur les fantasmes des sociétés médiévales un témoignage d'une richesse exceptionnelle. Amand Danet, qui en a fait la traduction avec scrupule et probité, a rédigé une présentation qui explore les principales voies d'interprétation suggérées par une longue familiarité avec ce grand texte.
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