Les crimes de masse défient la réflexion morale. Ce sont les procès de ces crimes qui façonnent nos conceptions du mal extrême. Le procès Eichmann est en ce sens exemplaire. La description par Hannah Arendt d'un Adolf Eichmann insignifiant a imposé l'idée de la banalité du mal, du crime bureaucratique commis sans pensée ni méchanceté. Pourtant, ce portrait ne correspond pas à ceux des historiens ou des chroniqueurs. Il reprend la défense d'Eichmann et réactive le genre des théodicées, qui défendaient Dieu en niant l'existence du mal : si Eichmann ne pense pas, alors la pensée est sauve. Pour dépasser l'alternative stérile du diabolique et du banal, ce livre analyse la forme même du procès, en faisant de la chronique judiciaire un genre philosophique. Il éclaire ainsi l'influence du procès de Jérusalem sur l'évolution de la justice pénale internationale et sur la réflexion morale contemporaine.
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