La sériciculture – l'élevage des vers à soie – a été pratiquée en Cévennes à partir du xiiie siècle. Françoise Clavairolle en restitue la mémoire, des débuts du xixe siècle aux années 1960. Cependant, plus que relater des savoir-faire, elle rend compte de cette pratique dans la pluralité de ses dimensions : économique, sociale et symbolique. L'auteur décrit ces multiples facettes avec une extrême minutie, soulignant la manière dont elles s'ajustent les unes par rapport aux autres. Après s'être livrée à une archéologie des savoirs relatifs au ver à soie, le magnan, ainsi que des savoir-faire à l'œuvre dans la sériciculture, elle met en évidence le rôle prépondérant des femmes auxquelles incombe la responsabilité de 1' « éducation » des vers à soie. Son analyse de l'organisation sociale de la sériciculture dévoile les relations complexes qui lient les éleveurs et les filateurs. Les continuités et les mutations de la société cévenole sont ainsi saisies à travers le prisme d'une activité qui apparaît comme une clé de voûte sociale et économique. Ce faisant, Françoise Clavairolle ne cède pas à la tentation de confondre activité séricicole et culture cévenole. Inscrivant l'analyse du système technique dans sa dynamique socio-historique, elle questionne la disparition de cette activité et s'interroge sur les conditions de son renouveau.
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