«Mon nourrisson dans les bras, j'avais pris le chemin
des bêtes sauvages, obéissant à la même loi qui leur
commandait de se protéger, eux et leurs petits, afin que fût
sauvegardée l'antique vie terrestre. Aux yeux des biches à la
tête lisse et des ourses anxieuses, je voyais qu'elles pensaient
comme moi à ces pattes, ces ongles minuscules, ces
museaux humides et reniflants et ces yeux angéliques,
grands ouverts, sans défense contre la mort déchaînée et
monstrueuse qui s'étendait sur la moitié du monde et
s'élevait jusqu'au ciel. Durant les cendreuses nuits de lune,
étendue sur une couche moelleuse d'aiguilles de pins,
protégeant l'enfant sous l'unique couverture emportée
dans ma fuite, j'entendais près de moi le lourd soupir
d'une biche ou d'une hase, le marmonnement inquiet
d'une poule des bouleaux, car toutes nous voyions en rêve
ou en imagination cette mort qui nous suivait, gigantesque
comme un mur - le mur des armées allemandes.»
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