On peut s’en étonner, mais la notion d’engagement, réservée de droit aux seuls écrivains, n’est jamais réellement associée aux pratiques de lecture, dont la transparence irait de soi. Une réflexion sur l’engagement des passeurs de textes apparaît d’autant plus nécessaire aujourd’hui que les rapports entre la littérature et le monde moderne ressemblent de plus en plus à des rapports d’exclusion.
Les pratiques d’enseignement ont-elles pris acte de cette marginalisation ? Soucieux d’une spécificité littéraire particulièrement difficile à cerner, les programmes récents mettent toujours davantage l’accent sur les invariants du texte, mais restent discrets, sinon muets sur ce que Roland Barthes appelait la « responsabilité de la forme ». De nombreux professeurs débutants, à qui il reviendrait pourtant de sensibiliser les élèves à l’inscription des oeuvres dans la vie de la cité, se sentent démunis et jugent prudent d’éluder la question du politique.
Ce colloque fait l’hypothèse que le malaise dont ils témoignent est le lot de tout lecteur, qu’il soit engagé au titre de critique, écrivain, linguiste, traducteur, professeur, formateur d’enseignants. Les angles d’approche sont donc largement ouverts, et les réponses nécessairement variables, l’essentiel étant d’ouvrir un débat qui dépasse sans doute le seul domaine de la matière littéraire.
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