« Moi qui fus élevée en des régions au-delà du bout de la route d'Azuma, au fin fond du pays, combien devais-je être empruntée, et pourtant, comment pouvais-je m'en être avisée ? Je sus qu'il existait en ce monde ce que l'on appelle les dits et je brûlais de l'envie d'en lire, cependant qu'aux jours de désoeuvrement, ou le soir à la veillée, j'écoutais ma soeur aînée ou ma belle-mère qui citaient des passages de tel ou tel dit, ou commentaient les faits et gestes de Genji le Radieux. "Faites qu'au plus tôt je puisse monter à la Ville et permettez que de ces dits, j'en voie autant qu'il en est !" Ainsi priais-je avec ferveur le bouddha Yakushi, quand, l'année qui fut ma treizième, le trois de la neuvième lune, nous prîmes le départ pour remonter à la Ville... »
Telles sont les premières lignes du texte de Sarashina, le seul d'elle qui nous soit parvenu : son journal intime. Elle y conte sa vie au jour le jour de l'âge de 13 ans à 52 ans. Ces mémoires se présentent sous la forme d'une compilation d'anecdotes, de rêves, de récits de voyages, où les intrigues et les romances à la cour de Heian restent un thème privilégié.
Sarashina, née en 1008, était issue d'une génération de ministres et de lettrés - lettres dont les femmes japonaises n'étaient pas exclues.
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