Des personnages, une intrigue ? Oui. Un récit traditionnel ? Nous ne pensons pas. Le récit traditionnel est, avant tout, une synthèse : une vie, un moment, une expérience rassemblés selon une certaine perspective. Où trouver aujourd'hui une perspective cohérente sur un univers immense et multiple ?
Un livre sur l'Amérique, donc. Mais non pas un jugement. Le soin de juger revient à ces voyageurs intrépides (nous n'en manquons pas), qui, au bout d'un séjour de quelques semaines, rapportent dans leurs bagages le livre définitif. Des impressions, sans autobiographie. Un Français veut simplement parler de ses années passées sur un continent fuyant et familier, qui le dépasse, mais où il s'inscrit... Raconter sera donc, pour lui, essayer d'offrir des points de repère et de contact, tâcher de faire sentir, sur une variété d'exemples, le goût d'une existence et de ses problèmes, aux jours de crise comme aux jours de repos.
On songe alors à une oeuvre où les fils brisés se rejoignent secrètement, où les fils séparés tissent une trame invisible. Un roman discontinu ? Telle serait, en somme, cette nouvelle présentation de l'Amérique.
S.D. (1963)
Cinquante ans après sa publication initiale, voici enfin rendu au public Le Jour S, le premier texte de Serge Doubrovsky, un curieux « roman » qui, avant même l'invention de l'« autofiction », inaugurait une rupture sans précédent avec l'autobiographie classique : les premiers « fils brisés » d'une aventure littéraire exceptionnelle, ici ponctuée par un « Post-scriptum 2013 » inédit.
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