Jean Rousset se demande justement : «Où est le véritable Don
Juan ?». L'opacité de la comédie de Molière nous offre une
infinité d'interprétations, pour la lecture et pour la mise en scène.
D'où les controverses et les divergences de la critique et des
metteurs en scène.
Ces divergences conduisent toutes à un élément central :
l'humanité de Dom Juan, diable qui se fait homme et qui agit
en homme, dans un contexte social bien déterminé, et par
miracle toujours valable. En plein cartésianisme, ce personnage
ouvre les secrets de la conscience, et met en évidence les
limites du rationnel et de la nature humaine.
Dom Juan échappe à toutes les règles. Chez Molière, le scélérat
de la tradition se fait un Faust avant la lettre, un héros dans
lequel nous pouvons reconnaître nos fantasmes. Il a une vie,
il existe, il dit et nous dit, par sa soif d'infini. Plus que l'homme
de plaisir, c'est l'homme de l'absurde qui nous intéresse, avec
sa vision de Dieu, sa quête du bonheur, ses défis.
Par son jeu, Dom Juan pose les problèmes éternels du temps
et de la liberté. Son comportement scandaleux conduit à la
vérité, et nous oblige à nous regarder, au-dedans de nous-mêmes.
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