Le génocide comme pratique sociale
La thèse de Daniel Feierstein est audacieuse. Elle met en perspective deux crimes extrêmes : le génocide perpétré par les nazis entre 1933 et 1945 contre six millions de juifs et plusieurs minorités ethniques, sociales et portiques, avec ses différents modus operandi, objectifs et rythmes; et les crimes commis en Argentine, entre 1974 et 1983, avant et pendant la dernière dictature militaire, qui firent de l'enlèvement, de la torture, du camp de concentration et de la disparition autant d'outils de terreur et de domination.
Daniel Feierstein affirme que ces deux. processus ne doivent pas être considérés comme des faits exceptionnels dans l'histoire contemporaine, mais bel et bien comme des exemples de dispositifs, de technologies spécifiques de pouvoir. En tant que tels, ils ne se limitèrent pas à l'extermination de groupes humains. Ils eurent également pour conséquence de « réorganiser » les relations sociales hégémoniques a travers la construction d'une altérité négative, le harcèlement, l'isolement l'affaiblissement systématique, l'annihilation matérielle et la réification des êtres humains. Tout en légitimant l'usage du terme. « génocide » pour qualifier la situation argentine, ce livre propose une nouvelle typologie des pratiques sociales génocidaires et démontre la continuité entre le nazisme et. l'auto-proclamé « Processus de Réorganisation Nationale » argentin.
L'approche défendue par cet ouvrage doit être débattue bien au-delà du monde hispanophone. Non seulement parce quelle offre de nouvelles perspectives d'interprétation des faits historiques, mais aussi parce qu'elle permet de mieux pointer les risques présents et futurs auxquels nous devons faire face, et dont la perversité, tant dans la mise en oeuvre que dans les moyens dont disposent les nouveaux bourreaux, nous incite à une grande vigilance.
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