Le futur et ses ennemis
De la confiscation de l'avenir à l'espérance politique
L'être humain est le seul animal conscient de l'existence du futur. Les humains s'inquiètent et attendent, parce qu'ils savent que le futur existe, qu'il peut être meilleur, ou pire, et que cela dépend dans une certaine mesure d'eux. Ils le savent mais ne savent pas pour autant ce qu'il faut faire de ce savoir parce que penser au futur trouble la tranquillité du présent. Bien s'entendre avec son futur n'est pas chose facile. Nous craignons trop, ou nous espérons contre toute évidence ; nous ne parvenons pas à l'anticiper ou à le configurer comme nous pourrions le faire.
Il en va de même pour les sociétés. Elles aussi doivent développer cette capacité de percevoir au-delà du moment présent, et elles le font aussi avec plus ou moins de bonheur. Mais elles doivent inclure toujours davantage le futur dans leurs calculs. Pourtant, les tentatives de dessiner le futur sont aujourd'hui bien rares. Le futur a de mauvais avocats et souffre d'une faiblesse chronique. Qui sont les ennemis du futur ? Ils semblent faire partie de ses plus fervents partisans, mais sont ceux qui procèdent à sa banalisation, qui promeuvent une accélération improductive, insensible aux coûts de la modernisation. S'il en est ainsi, il nous faut donc reformuler l'antagonisme qui, depuis 'époque moderne, a été pensé exclusivement dans le schéma opposant la gauche et la droite.
Cet ouvrage défend une politique de 'espérance à un moment où la confiance dans le caractère configurable du futur s'est affaiblie. Il entend contribuer à la tâche principale de la politique démocratique qui consiste à établir une médiation convaincante entre l'héritage du passé, les priorités du présent et les défis du futur.
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