Le fakir est donc, dans la hiérarchie religieuse,
un organe hybride qui n'est ni prêtre, ni laïque,
ni clerc. Il est dévoué, anonyme, de cerveau peu
cultivé, mais ferme à son poste comme un roc. Il
sert aux missions secrètes ; son initiateur est son
dieu ; il lui obéit sans discuter ; il agit comme une
force de la Nature : il en est qui manient le poignard
ou versent le poison, avec la même impassibilité
qu'ils ourdiraient une intrigue ou qu'ils
guériraient le malade sur lequel il leur est ordonné
d'imposer les mains. L'Oriental est entier
dans sa foi quand il l'a donnée ; il ignore le compromis,
le besoin de gloire, le goût du succès immédiat.
Il y a tel plan qui, dans la diplomatie
politico-religieuse des Brahmes ou des Lamas, est
poursuivi depuis quatre siècles : les pontifes meurent,
les peuples changent : mais la pensée primitive
demeure. Quelle leçon pour notre versatilité
occidentale, pour nos réclames et nos agitations
publiques !
Sédir
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