Descartes a lu Montaigne, qui en douterait ? Pourtant, il s'est
passé plus de deux siècles avant qu'on ne les joigne et que la liaison
des textes et des pensées nourrisse un genre herméneutique
prolixe : le rapprochement montaigno-cartésien. Ce corpus n'a
cessé de s'amplifier, surtout depuis les années 1970. Malgré les
leçons de prudence initiales, nul n'a poussé l'enquête sur les
assises épistémologiques et méthodologiques de la tradition qui
entretient l'idée d'une filiation directe. Pour l'auteur, contrariant
cette position qui n'a jamais assumé son statut d'hypothèse,
Descartes n'a pas lu les Essais ni même n'en a eu besoin pour
épanouir sa pensée ou faire courir sa plume. Le Dos de ses livres
comble le manque d'une critique historique et philologique en
répondant à des interrogations non formulées jusque-là : comment
en est-on arrivé à lier deux écrivains si différents ? qu'est-ce que
cette tradition leur a fait dire en rapprochant leurs textes ?
Ravivant la problématique de la réception de Montaigne au
XVIIe siècle, ce livre examine des modes de réception et précise le
portrait du philosophe de la table rase en lecteur. Par l'abandon
d'une source survalorisée, il rafraîchit le paysage intertextuel,
rehausse les contrastes et relance la question des ruptures et des
incompatibilités entre les oeuvres et les pensées.
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