« il est des âmes errantes qui ne peuvent trouver de repos. Elles vont pénétrer dans le corps de quelqu'un de vivant comme un dibbouk... »
Sh. An-ski, Le Dibbouk, 1919
Un spectre hante l'Europe, c'est le spectre du dibbouk ! Cette âme errante, à même de posséder les êtres vivants et de s'exprimer à travers eux, a conquis le monde grâce à l'écrivain russe Sh. An-ski, qui en recueillit les récits lors de ses expéditions en Podolie et en Volhynie dans les années 1910. Elles lui inspirèrent l'écriture du Dibbouk.
Succès fulgurant dès 1920, immédiatement traduite, la pièce est jouée de Varsovie à Buenos Aires, en passant par Moscou, Paris et New York. OEuvre emblématique du théâtre yiddish et du premier théâtre hébreu, elle inspire metteurs en scène et artistes de l'avant-garde juive. Adaptée au cinéma en 1937, elle donnera le plus ambitieux des fims yiddish et l'un des derniers tournés avant l'invasion de la Pologne.
Après la Shoah, Le Dibbouk opère encore comme oeuvre emblématique de la fécondité du Yiddishland et comme métaphore du monde disparu. On le retrouve à la scène, à l'écran, en littérature, ainsi que dans les oeuvres des artistes contemporains.
Objet majeur de la culture juive, le dibbouk est une clef de compréhension d'une identité hantée par son passé.
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