Foisonnante et tragique fresque s'étendant du XIIIe au XXe siècle, Le Devoir de violence raconte le destin de l'empire imaginaire de Nakem et de la dynastie des Saïf qui y règnent en maîtres retors. À travers elle, c'est l'histoire méconnue de l'Afrique qui nous est livrée de l'intérieur. Violences, assassinats, ruses, compromission des notables dans la traite des esclaves : pour la première fois, un auteur africain ne s'interdit rien dans le portrait séculaire de son continent. Pas plus qu'il ne se réfrène dans ses registres, de l'ironie mordante à l'érotisme débridé. En face, l'Europe et son système colonial ‒ déconstruit autant que raillé ‒ ne sont pas épargnés. Le récit se prolonge par l'errance poignante de Raymond Spartacus Kassoumi, fils de serfs.
Paru en 1968, ce premier roman remporta d'emblée le premier prix Renaudot attribué à un Africain. Devenu un livre-culte, il fut contesté au Sud pour ses hardiesses politiques et au Nord pour ses audaces d'écriture. Aujourd'hui, dans cette réédition, il se lit comme une construction littéraire vertigineuse et une épopée qui figure parmi les plus grandes œuvres de la littérature mondiale.
Né à Bandiagara au Mali en 1940, Yambo Ouologuem suit un parcours universitaire brillant en France avant de signer Le Devoir de violence en 1968, ainsi que Lettre à la France nègre et Les Mille et Une Bibles du sexe en 1969. Blessé par les attaques dont son œuvre est l'objet, il se retire dans sa région natale et s'enferme dans le silence. Il meurt en octobre 2017.
Prix Renaudot 1968.
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