Pour faire son deuil, il faut en être capable. Certaines personnes n'y arrivent jamais. Elles « gèlent » le travail de deuil ou refusent même de se considérer comme endeuillées. Ces deuils non faits, ou ratés, sont mis en attente, ils pèsent, engendrent un « magma » psychique, une souffrance qui peut conduire à la dépression et, parfois, au suicide. Dans d'autres cas, la personne cherche à se débarrasser de ce magma, s'arrangeant pour que quelqu'un d'autre porte le deuil à sa place. On se situe alors dans le registre de l'emprise sur l'autre, des techniques de manipulation de la perversion narcissique.
Tous ces comportements, toutes ces souffrances dont résultent fantômes familiaux, enfants de remplacement, périodes d'infertilité, violences, ont une source : un deuil « originaire » auquel il s'agit de remonter, car il ouvre à la capacité de faire des deuils. C'est de l'échec ou de la réussite de ce premier deuil que dépendent, pour chacun d'entre nous, la réussite ou l'échec de tous les deuils et de toutes les séparations qui jalonneront ensuite notre vie.
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