Jorge Barón Biza est le fils de Rosa Clotilde Sabattini et de Raúl Barón Biza : lui, figure paradoxale de la politique argentine et auteur de romans sulfureux inspirés du Marquis de Sade ; elle, femme engagée et pédagogue influente, rivale d'Eva Perón. Un couple romantique et passionnel, qui a passé la moitié de sa vie en exil, alternant ruptures et réconciliations. Un jour, le père vitriole sa femme sous les yeux de leur fils. Jorge a 20 ans. Commence pour lui un voyage à travers les meilleures cliniques de la planète, pour tenter d'aider à la reconstruction du visage maternel. De Buenos Aires à Milan, il oscille entre quête de la mère, mémoire du père et perdition dans les bas-fonds délétères des grandes villes. C'est cette histoire que raconte le roman.
Le nom des Biza est aujourd'hui entouré, en Argentine, d'un halo méphitique. Le père, Raúl Barón Biza (1899-1964), millionnaire, auteur de romans provocateurs, intellectuel rebelle à tous les régimes, s'est donné la mort après avoir agressé son épouse, qui s'est défenestrée plusieurs années après. Deux de leurs enfants se sont également suicidés et l'un deux, Jorge, a écrit avant sa disparition un roman inspiré de ces destins : Le Désert et sa semence.
Au cours de sa vie, Raúl Barón Biza a défendu tour à tour des leaders et des partis rivaux entre eux, s'exposant à la persécution, puis à l'expatriation en Uruguay, où il est même incarcéré au début des années 1940. Il termine en prison son oeuvre la plus connue, Le Droit de tuer, un roman philosophique et pornographique immédiatement censuré. Il se marie secrètement à la même époque avec Rosa Clotilde Sabattini, une brillante intellectuelle qui a 20 ans de moins que lui. Trois enfants naissent.
Jorge Barón Biza (1942 - 2001 ) est donc ballotté, durant l'enfance, entre l'Argentine et l'Uruguay, puis, à l'adolescence, entre son père et sa mère, qui à partir de 1950 vivent le plus souvent séparés. À l'âge de 22 ans, il assiste, lors d'une ultime procédure de divorce, à une scène atroce : Raúl vitriole Clotidle, puis prend la fuite. Peu après, la police le retrouve dans sa chambre, avec une balle dans la tempe. Jorge part en Italie avec sa mère, pendant plus d'un an, pour l'assister et surveiller les opérations chirurgicales de reconstruction du visage. C'est principalement de cette expérience que se nourrit son roman, qu'il écrit près de 35 ans après (1998), dans un style d'une étrangeté et d'une froideur recherchées pour créer un effet de distance et échapper au pathos.
De retour en Argentine, Jorge devient journaliste, travaille pour des publications d'hôpitaux psychiatriques comme pour des revues mondaines. Il est aussi critique d'art, professeur d'université, correcteur, nègre littéraire et traducteur... de Marcel Proust et de Thomas Mann. À sa mort, il n'a publié qu'un roman : Le Désert et sa semence est d'une telle force qu'il a influencé plusieurs générations d'écrivains argentins (Osvaldo Lamborghini, Oliviero Coelho, ...)
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