1977. Henry Blonton a pourtant tout d'un vrai cow-boy : après une enfance passée aux côtés de deux grands-pères,
vieux routiers du rodéo, suivie d'études avortées, à quarante ans il est désormais à la tête de quatre-vingt-dix mille acres, deux mille deux cents vaches et manie le lasso et le bétail comme pas deux. Avec son allure fière, ses yeux gris et sa mèche blond cendré qui recouvre un regard amusé mais dur, il semble tout droit sorti d'une publicité pour une marque de cigarettes. Porté sur la bouteille, il aimerait être un héros et vit dans la nostalgie d'un temps révolu : un temps où les cow-boys étaient des figures sacrées que l'on respectait et devant qui on s'inclinait. Mais à l'ère de l'expansion de l'agroalimentaire, adieu les cavalcades effrénées et les coups de lasso. Le cheval a laissé place à une Buick rutilante, et l'amertume a remplacé les rêves de propriété. La vie de ranch a bien changée depuis l'époque de son grand-père Abel. Le bétail élevé en plein air a laissé place aux bêtes parquées et engraissées, les terres des ancêtres sont devenues la propriété de riches industriels à mille lieues des pâturages. John Wayne est bien loin : dur temps pour les cow-boys.
Livre culte de la narrative nonfiction, auréolé du National Book Award en 1981, année de sa parution, Le Dernier Cow-Boy brosse le portrait mélancolique d'un homme figé entre deux mondes, laissé au bord du chemin par le cours de l'Histoire. Dans ce livre, Jane Kramer, grande figure du Nouveau Journalisme américain, qui fut longtemps correspondante à Paris du New Yorker, parvient à rendre toute sa dignité à ce cow-boy déchu et à illustrer une certaine image de l'Amérique, puritaine, repliée sur elle-même, loin des grandes villes et de leur agitation continue. Drôle, poignant, Le Dernier Cow-Boy est un livre subtil à la croisée des chemins du nature writing et de la littérature du réel.
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