Dans la plupart des sociétés développées, l'État fait l'objet d'une critique en règle. Jugé impotent, coûteux, bureaucratique, il se voit peu à peu dépouillé de certaines de ses attributions. Les grandes entreprises nationalisées qui permettaient à l'État de peser sur la vie économique par le biais d'une politique industrielle volontariste ont été - ou sont - privatisées. Les services publics eux-mêmes sont remis en question par la logique de privatisation et de concurrence qui prévaut aujourd'hui. L'État démocratique, au surplus, a été dépossédé en Europe d'une partie de son pouvoir par le double mouvement de régionalisation et d'unification européenne. Tout conspire, en somme, à un «moins d'État». Dans le même temps, cependant, les pays occidentaux encouragent les sociétés récemment libérées du communisme ou de la tyrannie à construire un véritable État de droit, en se dotant des institutions correspondantes. C'est ce discours paradoxal qu'analyse ici Ezra Suleiman. En s'efforçant de dépasser les querelles habituelles qui opposent de manière un peu théâtrale les défenseurs de l'État aux partisans du marché, il s'interroge sur les conditions d'une véritable réforme de l'État qui prendrait en compte et redéfinirait les fonctions de ce dernier, des fonctions qui conditionnent l'avenir de la démocratie elle-même.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par William Olivier Desmond
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