Charles VIII, Louis XII et François Ier ont rêvé de l'Italie. Ils ont entraîné
derrière eux des armées toujours plus nombreuses, dont le noyau était constitué
de cavaliers bardés de fer, à l'esprit habité d'aventures et d'exploits comparables
à ceux des héros des «vieux romans». L'imaginaire chevaleresque se nourrissait
alors d'une force mobilisatrice puissante. Les rois eux-mêmes ne craignaient pas
de porter les armes, au péril de leur vie, ou de leur liberté, au cours d'un combat
singulier dans la fureur d'un champ de bataille.
Les guerres d'Italie (1494-1559) constituent ce moment paradoxal d'apogée
de l'imaginaire chevaleresque et du déclin de la cavalerie lourde. Car les armes
à feu ont transformé la pratique et la culture militaires : avec son arquebuse,
un fantassin sans nom pouvait sans peine tuer un grand seigneur. Victorieuse à
Fornoue (1495) et Marignan (1515), la chevalerie française fut décimée à Pavie
(1525).
Pourtant, la mémoire des chevaliers ne s'est pas éteinte à la fin du «rêve
italien». Le preux Bayard a été célébré comme le modèle de l'homme de guerre
vertueux ; réels ou imaginaires, ses exploits ont été chantés pour faire oublier les
malheurs et misères de la guerre. Et quelques figures exemplaires ont traversé les
siècles, pour ressusciter, parfois, à l'époque contemporaine, afin d'exprimer les
valeurs patriotiques et «nationales».
En croisant de multiples sources (mémoires, correspondances, chroniques,
oeuvres de fiction, images), en combinant approches culturelles, sociales et
politiques, ce livre propose une analyse neuve de la culture militaire et une
approche inédite du monde des gens de guerre au siècle de la Renaissance.
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