Penser la psychiatrie sans le corps est une démarche d'exclusion épistémologique dont l'actualité témoigne. En s'éloignant des dispositifs thérapeutiques que la psychiatrie avait acquis, un tabou du corps s'est progressivement installé. Le franchir, c'est lever le silence sur l'enfermement, repenser la psychopathologie dans son rapport entre psychanalyse et psychiatrie, repenser le corps comme « objet parleur ». C'est ainsi reprendre la question du transfert dans la psychose avec la notion d'image du corps, lieu dans lequel se dépose l'histoire d'un sujet avec les autres. En explorant les nombreux travaux d'approche du corps en pédopsychiatrie (Dolto, Anzieu, Geneviève Haag, André Bullinger, mais aussi Jacques Schotte sur la notion de contact), l'ouvrage reprend largement la question du transfert en institution en référence aux pratiques de Tosquelles, Oury, Racamier, Resnik... Ainsi le corps psychotique dissocié peut-il être accueilli et travaillé au sein d'une institution vécue comme « constellation » ou « champ » transférentiel. Ce livre est aussi un défi contre une forme d'angélisme psychanalytique qui réhabilite à ses dépens la partage instauré entre la médecine propriétaire du corps et la psychanalyse de la lettre. Par son axe spécifique, Pierre Delion refonde une psychiatrie politique renouvelée.
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