A mon corps défendant... ?
Notre corps se défend pour survivre dans son environnement de microbes, parasites et autres agresseurs. Mais il lui arrive aussi d'inverser ses défenses biologiques et psychiques, à notre insu et détriment, nous amenant à constater : «J'ai fait ceci ou cela, à mon corps défendant.» Ce pourrait être les mots de l'asthmatique ou de l'eczémateux allergiques pour déplorer que l'allergie, moyen de défense vital de tout humain, les rende malades, jusqu'au risque de mourir d'anaphylaxie. Leur corps est le théâtre d'une guerre qu'au plus intime d'eux-mêmes mettent en scène leurs anticorps. Anti-quels-corps ? Des inoffensifs : un chat, des arbres, des herbes, des besoins vitaux ou environnementaux, air et aliments. Se trompent-ils d'adversaires, ces allergiques, cristallisant sur ces inoffensifs des sentiments aux menaces imprécises ? S'ils vont jusqu'à mettre leur vie en danger, ne serait-ce pas aussi pour leur corps défendant ?
François-Bernard Michel cite en exemple l'allergique Proust et aussi Valéry, Gide, Rilke, les uns et les autres ultrasensibles et ultraréactifs. Cette étude du corps défendant peut s'étendre aussi au corps social. Les XXe et XXIe siècles sont en proie aux convulsions des guerres, des génocides, des contestations violentes, qui sont elles aussi des allergies.
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