Le corps de l'artiste
Partout des formes et des figures, mais nulle part un corps. À bien y regarder, l'histoire de l'art a en effet oblitéré la part corporelle, physique, « bassement » matérielle de la création - le corps de l'artiste, dans ses excès et ses besoins, ayant presque toujours été laissé dans l'ombre. Pourtant, les artistes de la première modernité n'ont cessé d'être les sismographes de leur corps. C'est pour restituer cet autre versant de l'histoire que l'ouvrage d'Andreas Beyer se dresse. Il réhabilite la corporéité de l'artiste et déploie la forme de vie incarnée des anciens maîtres en se concentrant sur la Renaissance, époque où l'individu déborde littéralement dans son oeuvre.
En explorant tour à tour les questions d'identité, de style, d'oeuvre, d'imaginaire, de rêve, de nourriture, de maladie, de vie et de mort, Beyer nous invite à réincarner l'art. Il ne réduit pas l'obsession des artistes pour leur corps au problème de la psychopathologie ; il montre qu'il s'agit là, aussi et surtout, d'une technique de soi, engageant un certain rapport au monde, à partir de laquelle émerge justement la notion d'art. En croisant différentes disciplines, l'ouvrage permet ainsi de retrouver le fondement sensible, matériel et corporel d'un art trop longtemps confisqué par les tenants d'une conception idéaliste de la création artistique.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.