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Écrire un commentaire du Cimetière marin strophe après strophe et presque vers par vers eût paru sans doute au poète qui le composa une bien étrange affaire. Si l’on ajoute, plus insolite encore, la présence du Boléro de Ravel dans le tableau, on se persuade que l’entreprise tient de la gageure. Pourtant, l’idée se défend, non seulement d’un commentaire philosophique visant la plus grande précision, mais d’un lien d’une espèce singulière avec le Boléro au motif d’un rythme ostinato. C’est une intuition initiatrice, qui ne vaut nullement comparaison et ne doit pas entraîner à des rapprochements forcés. On découvrira peut-être dans l’aventure que la Figure qui s’enroule dans l’oeuvre du poète comme en celle du musicien est le Serpent. Elle se voit autant qu’elle s’entend, ou plutôt entre les deux se pressent. Elle reste à demi dissimulée comme en un rébus. Il faut lire Le Cimetière marin au boléro en pensant au titre d’un tableau, comme La Jeune Fille à la perle de Vermeer. Que le lecteur se rassure : il ne s’agit de rien d’autre que d’expliquer le poème de Paul Valéry et lui seul. L’attribut que lui prête le titre de l’ouvrage n’a d’autre fonction que de déclencher un écho discret, comme l’est, à l’oreille de la Jeune Fille, la perle.
Michel Guérin, écrivain et philosophe, est professeur émérite de l’Université d’Aix-Marseille et membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Il a publié aux éditions Les Belles Lettres collection « encre marine », Le Fardeau du monde (De la consolation) en 2011, Origine de la peinture en 2013 et La Croyance de A à Z en 2015. Ses recherches portent principalement sur la Figure et sur le geste : une 2e édition (augmentée) de Philosophie du geste a paru aux éditions Actes Sud en 2011.