Le ciel jaloux des roses
Les cerisiers en pleurs de Kyoto, le souk aux soies de Delhi, Hanoï, ses lacs, sa rue des peignes et celle des pipes à eau, Lisbonne, le goût de paradis des pasteis de nata et les larmes du fado, Bayreuth pour entendre l'origine du monde. Un son de vînâ qui étire le temps au Tamil Nadu, la lumière rose du matin sur le Taj Mahal, la baie d'Halong où l'air est doux, un rien sucré, et où l'on entend la nuit quelque gong frappé par des fantômes avec leurs mains de vent. Et Mae Khong, ce fleuve large comme le ciel avec des pirogues à bec pointu, des jacinthes d'eau, des femmes qui ressemblent toutes à des princesses et un bonze enveloppé de safran qui sourit avec une infinie douceur. Ou cette odeur de marrons grillés à New York comme un glissando de clarinette au début d'une rhapsodie en bleu. Tout le monde a tout vu, personne n'a rien vu.
De tous ces voyages, les bribes de mémoire font des poèmes qui se tressent aux paysages, se nouent aux visions, réitèrent mille images : « Vous aimez tellement voyager ? - J'aime partir surtout. »
A. D.
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