A Dubois, Saint-Simon a taillé un costume pour l'éternité : avarice, débauche, perfidie, flatterie, impiété... Ce fut le règne de la Bête. Dubois n'était pas plus amoral ni moins vorace que Richelieu et Mazarin. Le scandale se trouve, pour l'aristocratie traditionnelle, dans la trajectoire exceptionnelle de ce fils d'apothicaire de Brive-la-Gaillarde, parti de presque rien et devenu presque tout. Cette ascension, Guillaume Dubois, né en 1656, la doit à son énergie et à son intelligence. De brillantes études parisiennes et un sens inné de l'intrigue font de lui, dès 1683, un précepteur de Philippe de Chartres, plus tard duc d'Orléans. Dès lors, il se place dans le sillage du futur Régent, qui le comble de bienfaits sitôt sa prise de pouvoir en 1715. L'abbé Dubois, qui n'est pas prêtre, devient ainsi secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères en 1718, archevêque de Cambrai en 1720, cardinal en 1721, principal ministre en août 1721. Il ne le reste qu'un an, emporté par un atroce abcès de la vessie, qui réjouit fort ses ennemis, en août 1722. Cet homme de grande culture, travailleur acharné, ami de Fénelon et de Mme de Maintenon, parvint, par une diplomatie persévérante exercée de façon parfois romanesque, à nouer pour la France de solides alliances avec l'Angleterre, puis la Hollande, l'Espagne et la Russie. D'une grande brutalité de manières, d'ailleurs calculée, avide d'argent et d'honneurs, Dubois parvint à se rendre indispensable à la Couronne et fut, tous comptes faits, un bon serviteur de l'Etat, et surtout un pionnier de l'entente européenne.
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