Que peut bien vouloir dire «droit à la ville» ?
Cette interrogation est indissociable d'une multitude d'autres questions. Quelle
ville voulons-nous ? Quel genre de personnes voulons-nous être ? À quelles relations
sociales aspirons-nous ? Quelle vie quotidienne trouvons-nous désirable ? Quelles
valeurs esthétiques défendons-nous ? Quel rapport à la nature souhaitons-nous
promouvoir ? Quelles technologies jugeons-nous appropriées ?
Le droit à la ville ne se réduit ainsi pas à un droit d'accès individuel aux ressources
incarnées par la ville : c'est un droit à nous changer nous-mêmes en changeant la
ville de façon à la rendre plus conforme à nos désirs les plus fondamentaux. C'est
aussi un droit plus collectif qu'individuel, puisque, pour changer la ville, il faut
nécessairement exercer un pouvoir collectif sur les processus d'urbanisation.
Il importe dans cette perspective de décrire et d'analyser la manière dont, au cours
de l'histoire, nous avons été façonnés et refaçonnés par un processus d'urbanisation
toujours plus effréné et étendu, animé par de puissantes forces sociales et ponctué
de violentes phases de restructurations urbaines par «destruction créative», ainsi
que par les résistances et les révoltes que ces restructurations suscitaient.
On saisira alors toute l'actualité de la thèse d'Henri Lefebvre : le processus urbain
étant essentiel à la survie du capitalisme, le droit à la ville, autrement dit le
contrôle collectif de l'emploi des surplus dans les processus d'urbanisation, doit
devenir l'un des principaux points de focalisation des luttes politiques et de la
lutte de classe.
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