Je croyais en avoir fini avec Le Cantique des cantiques. J'avais même osé sous-titrer mon dernier livre : Pour en finir avec le Cantique des cantiques. Du haut de mes quarante ans, j'imaginais en avoir fait le tour. Orgueil ! Quelle belle leçon de modestie ! Dix ans plus tard, je réalise que je n'en étais qu'à mes tout débuts avec ce sacré texte.
Plus la vie avance, plus la jeunesse envahit les lignes. Plus les vieilleries charriées depuis des siècles s'effilochent. Je ne crois plus à toutes ces métaphores qui nous font miroiter mille choses absurdes le concernant. Le Cantique des cantiques est résolument le plus beau poème érotique de notre civilisation, et les prêtres comme les rabbins ne viendront plus jeter un voile pudibond sur les seins ou les fesses de la Bien-Aimée.
Dans cet ouvrage, j'ai joué de toutes mes facettes - bibliste, traducteur, calligraphe, photographe -, pour donner une vision globale de ce poème d'amour. Mon commentaire, verset par verset, présente un Cantique des cantiques débarrassé de ses lourdeurs religieuses et des surinterprétations bigotes des professionnels du Bon Dieu.
Ma traduction insiste sur la crudité érotique du texte originel - appelons un chat, un chat. La calligraphie hébraïque donne à voir des lettres sensuelles, colorées et rythmées, qui évoquent à la fois la rigueur du désir et la langueur de l'abandon. Les photographies ne sont pas de simples illustrations, elles sont une véritable exégèse non verbale. Le corps féminin est mis à l'honneur. La peau de la femme est le plus beau des vélins. Le texte sacré est projeté en studio sur le corps d'une danseuse nue. Les hanches deviennent un soyeux parchemin ; les seins, des collines portant haut le message amoureux ; le ventre, une houle ondulée par les mots fluides courbés par l'hébreu ; le cou, une tour où s'enspiralent les versets, pour que les hommes voient de loin les délices de l'amour...
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