Le cabaret des oiseaux.
Peut-être que ma mère Blanche verra la lettre flotter au fil de l'eau et elle viendra la repêcher sur le dos d'un héron. Peut-être, ou bien elle retroussera sa robe avant d'entrer dans l'eau, elle tendra la main pour la cueillir comme une jolie écrevisse.
Le deuxième roman d'André Bucher est un long blues, dont les notes mélancoliques et poignantes trouvent écho dans la nature grandiose qu'il décrit si bien. C'est au bout du monde, dans la cour d'une ferme isolée au coeur de la montagne, qu'échouent les deux repris de justice qui vont tuer la mère de Tristan, sous ses yeux, le jour de ses six ans.
De son enfance solitaire et rêveuse dans les arbres et avec ses oiseaux, un merle et une corneille apprivoisés; de son adolescence habitée par le secret et la nostalgie; du crime dont il s'est rendu coupable comme en écho à celui qui lui a enlevé sa mère, il tente de dénouer les fils emmêlés dans un récit qu'il achève à dix-neuf ans, au sortir de prison.
Au Cabaret des oiseaux, la ferme auberge où il a grandi, l'attendent le vieux Germain et Maryse, figure féminine qui a illuminé ses jeunes années et qui fut naguère recueillie par son père. Entre ces personnages cabossés par la vie, se sont tissés tout au long du roman des liens profonds et durables grâce auxquels s'est construit et se reconstruira Tristan et dont André Bucher a su dire la complexité et la beauté.
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