Roger de Beauvoir (1806-1806), ami d'Alexandre Dumas, est un de ces polygraphes qui, au milieu du XIXe siècle, inventent la littérature populaire. Romans ("Un pauvre diable"), nouvelles, drames et opéra – il écrira aussi, avec elle, les mémoires de la célèbre actrice "mademoiselle Mars", laissant même un recueil de poèmes, comment ne se risqueraient-ils pas une fois dans le fantastique ?
Et c'est comme entrer dans un grenier à merveilles. Ces hommes sont aussi des amoureux des villes, des voyages, de l'art.
Alors, dès l'ouverture de ce bref roman, on ouvre la donne : s'asseoir avec des morts, on a déjà vu ça. Mais c'est la Flandre, la Hollande secrète, son vieux passé espagnol, ses masques et ses rapières. Et puis de grandes ombres : celles de Rubens, de Rembrandt ou de Franz Hals.
Et c'est lui qui surgit dans le tréfonds de l'histoire, le peintre depuis longtemps disparu. La peinture et la mort. La morte devant laquelle on vous amène pour la peindre. Les condamnées qu'il vous faut peindre avant le bourreau. Ou celle que vous aimez et dont vous reconstituez l'image. Ou bien le contraire : l'apprenti enfermé dans une cave avec ses toiles et ses couleurs et qui découvrira ainsi sa propre folie.
On en oublierait les bonnes histoires d'amour qui seules rendent possible la transgression fantastique ? Non. L'exercice de virtuosité que nous propose Roger de Beauvoir est comme une vengeance à sa vie d'écrivain au kilomètre, et qui pourtant ne détrônera pas son ami Dumas.
"Le cabaret des morts", il peut certainement en être fier, là où il est, s'il ne vient pas lui aussi s'asseoir avec nous, un soir, dans le fond d'une taverne sombre.
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