Petite salle de spectacles parisienne de l'après-guerre,
le cabaret de l'Écluse programme chaque
soir des numéros variés - chant, sketch comique,
poésie récitée, marionnettes, mime et projection
de dessins. Il accueille des artistes aussi divers
que Barbara, Raymond Devos, Marcel Marceau
ou Philippe Noiret. Comme d'autres cabarets
«rive-gauche», qui fleurissent près de la Seine
après la Seconde Guerre mondiale, L'Écluse refuse
le divertissement commercial qu'offrent les
«boîtes» plus luxueuses de la rive droite. Il est
en outre l'héritier d'une histoire plus longue : se
construit en effet depuis le XIXe siècle l'image du
cabaret comme un refuge où la poésie trouverait
à s'épanouir contre une culture industrielle et
commerciale.
Le cabaret de l'Écluse présente toutefois une
réalité plus métissée. S'il rend hommage à des
modèles littéraires prestigieux comme Le Chat
Noir ou Le Lapin Agile, il intègre les apports du
café-concert, du music-hall et du cinéma - autant
de manifestations associées à une culture du divertissement
souvent bannie du champ littéraire.
À la variété des modes d'expression convoqués
répond le caractère composite de leurs héritages.
Quelle place accorder à ce lieu rebelle qui rend
illisible le paysage artistique et culturel ? Lieu traversé
par des propositions spectaculaires variées,
L'Écluse fonde à partir de leur mise en présence
un espace poétique. Cet espace se construit
comme un réseau d'échos, tissés d'une prestation
à l'autre. Il déplace la production du sens du
plain-chant vers ses résonances plus subtiles.
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