On raconte que Maguelonne était la fille d'un roi de Naples, et qu'au lieu d'être arrivée tel ou tel jour dans cette ville, elle serait plutôt restée coincée là. Tout le monde jurait qu'ils avaient été à l'école ensemble, qui à Deitingen, qui à Recherswil, et quelqu'un ajouta : « Attends - et elle était napolitaine ! » Mettons que Casanova ait souvent discuté avec elle sans pour autant lui conter fleurette, que ce soit justement avec elle qu'il ait voulu parler philosophie grecque - foutaises. Mais le père Nüssli, lui, racontait toujours l'histoire qui suit. C'était dans la Grand-Rue : petit garçon, il donnait la main à son père, ce fameux jour où on avait fait défiler les nouvelles prostituées en calèche. Il les revoit qui agitaient la main, se souvient de tous ceux qui - pur hasard - les regardaient passer. Nul ne voulait savoir ce qu'il en était vraiment, et personne ne leur faisait signe en retour. On raconte qu'ils étalent allés les chercher à la nouvelle gare de Soleure pour ensuite les mener en calèche au bordel de la gare de l'Ouest, qui aurait fermé ses portes autour de 1910.
Le Buson ou les nouvelles amours de Maguelonne, suivi de quelques autres contes de policiers et d'ivrognes, rassemble huit fables modernes qui donnent à entendre, pour la première fois en français, un Peter Bichsel au sommet de son art, oscillant entre le fantastique et l'inquiétant - voire le cruel. Huit histoires drolatiques stylisées par l'oralité de la langue, huit variations virtuoses sur l'art du conteur.
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