Louis Dumur (1863-1933), né à Genève, s'établit à Paris dans le
monde littéraire et créa, avec Alfred Valette, le nouveau Mercure de
France, dont il serait tour à tour rédacteur en chef et secrétaire général.
L'avènement de la Première Guerre mondiale et son attachement
inconditionnel à la cause française transforma son écriture : le partisan
du décadentisme découvrit la haine de l'Allemagne militarisée.
Il crache un violent venin, où mépris et sarcasme se conjuguent,
dans un trio de romans dont Le Boucher de Verdun, après Nach Paris !
et avant Les Défaitistes, suit pas à pas la bataille de Verdun de 1916.
Tout se passe dans la région de Verdun, un épisode particulièrement
cocasse ayant lieu à Charleville-Mézières où se trouvait le G.Q.G.
allemand. Parfaitement documenté, Dumur ne cherche pourtant
pas à passer pour un historien : aux horreurs de la guerre, il ajoute
une histoire d'amour entre Hering et une actrice patriotique de la
Comédie française qui use de ses pouvoirs séducteurs pour espionner
et enfin menacer le Kronprinz, le boucher de Verdun. Le «héros»,
Wilfrid Hering, officier allemand (cas unique dans un roman français
de la Grande Guerre), ambitieux mais naïf, ne maîtrise rien en fin de
compte, étant plutôt ballotté à la manière de Fabrice del Dongo entre
des forces contraires. Les blessures dont il souffre à la fin de Nach
Paris ! comme dans Le Boucher de Verdun sont un symbole de son
incapacité ; le lexique «artiste» de l'auteur pour décrire l'univers
machiste où Hering évolue, dominateur dans la guerre, le casino ou
le lupanar, le serait-il aussi ?
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.