Le Bar qui engloutit tous les Espagnols est le récit théâtral d’une transformation personnelle qui symbolise la liberté, au cœur de l’Espagne contemporaine. En 1963, Jorge Arizmendi, un prêtre de Navarre âgé de 33 ans, décide de changer de vie, de quitter le sacerdoce pour se rendre aux États-Unis et y apprendre à vivre. Au début des années soixante, l’Église espagnole a promu une petite révolution aux conséquences historiques inouïes en facilitant des procédures de dispenses aux prêtres qui le souhaitaient. Parmi eux se trouvait le père de l’auteur. La réalité permet de construire des récits mais ils n’en demeurent pas moins des puzzles à reconstruire par le prisme de l’écriture et de la dramaturgie. De fait, l’authenticité et l’analyse du passé sont au service d’un renouveau qui n’est pas autant lié à la résilience historique qu’au ressentiment personnel, ou plus exactement à un moment biographique face à soi-même. Ainsi, ce texte est un exemple de théâtre : il défie les lois attendues de l’autofiction autant que des écritures documentaires. Ce qui se joue là, c’est bien sûr l’histoire de l’Espagne à travers la vie d’un prêtre qui se libère de sa condition mais aussi celle que tout le baroque met en œuvre : le combat individuel face au destin qui régirait nos vies. Encore une fois, l’amour y est rédempteur et donnera naissance à... l’auteur lui-même !
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