Parmi les machines que l'homme a créées pour son bonheur et pour sa ruine, il en est une qui possède une puissance propre : c'est l'horloge dont le vieux balancier n'en finit pas de battre comme un cœur, à son rythme, dans le souvenir d'une enfance perdue. Ce balancier scande l'éternité des mondes et des atomes, depuis l'éternel retour des Anciens jusqu'à la vertu des matières et des signes dégagée par la technologie moderne et contemporaine. Il amène alors la Raison à imposer à ses normes des mesures, des cadences et des obligations que l'industrie exploite et met en œuvre. Il conduit ainsi l'homme pris à son rêve d'immortalité mais victime de l'utopie de la science, de l'art, du travail ou du profit, étranger parfois aux objets qu'il a lui-même fabriqués, à se doter de jeunesses artificielles, répétitives et qui ne lui laissent en fin de compte que le destin de sa mort inéluctable. Le balancier du temps et du monde est le point central où se rejoignent ces trois lignes de force issues de la matière, la machine et la mort qui constituent le cadre de notre condition arbitraire et nécéssaire à la fois. On y discerne enfin l'ombre portée, la face cachée, le dernier sourire de l'automate.
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