Marat a-t-il été assassiné par Charlotte Corday, ou par les historiens eux-mêmes ? Lorsque David livre son Marat assassiné en octobre 1793, trois mois après la mort de l'Ami du peuple, il est déjà trop tard pour espérer éliminer l'assassin de l'histoire, comme cela fut fait après l'assassinat de Le Peletier de Saint-Fargeau. L'événement, pris dans les tourbillons de la mémoire, n'est plus ressenti qu'à travers la figure de Corday. Ce sera le cas pendant plus de deux cents ans. Ballotté par des courants contraires puis rejeté par les historiens universitaires, il finira par s'échouer sur les rives incertaines du patrimoine antirépublicain. Au XXe siècle, Marat est donc mort une seconde fois, noyé sous la popularité de Charlotte Corday.
Récrire l'histoire de l'assassinat de Marat, c'est assumer de proposer une histoire non partisane mais résolument engagée d'un événement aux conséquences longtemps sous-estimées. Ce livre tente de montrer qu'on ne peut comprendre l'événement à travers ses seules causes. Si l'on veut mieux saisir son impact, il faut provisoirement accepter de déplacer le regard sur ses effets et sur la figure de Charlotte Corday. Le lecteur est ainsi invité à remonter le cours de la mémoire et à accepter de plonger, avec Corday, Marat et leurs historiens, dans le grand bain de l'histoire.
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