«Un jour on me demande d'écrire sur une autre, poète
ou romancière, qu'importe, vivante ou morte (plutôt).
Et tout de suite ce nom s'impose : Sylvia Plath. Je relis
ses textes hypertendus, électrifiés, je regarde ses photos-caméléons.
Je fais défiler ses masques, je bats les
cartes de son tarot : la supernormal teenager et le Roi des
abeilles, l'amante éblouie et la mère-épouse prisonnière
de l'Amérique des fifties, les vierges folles, le rameau de
peur, le vieux démon mélancolique, l'Oiseau de panique.
À travers cette fragile image, cette icône suicidée, je cherche
le point d'ajustement de l'écriture à la vie. Je cherche
à comprendre ce que, par l'écriture, elle a sauvé de la vie
et ce qui, de l'écriture, l'a sauvée elle aussi. Car je crois que
Plath a été, dans les deux sens du terme, une survivante :
pas seulement une qui est revenue d'entre les morts (Lady
Lazare) mais aussi une qui a vécu à l'excès.» G. A.
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