Lauzes. Ce titre d'abord, sa puissance d'étrangeté. Pourquoi ces pierres plates qui, depuis des temps lointains, gardent en elles les histoires, les rumeurs, les légendes ? Elles ont enchanté Stendhal en son voyage en Italie. Marques et blasons d'anonymes généalogies, les lauzes d'Angèle Paoli font signe vers des traces humaines familières à la marcheuse. À la fin de chacune des dix-sept petites proses, une lauze, pierre et poème à la fois, déposée comme un point d'appui, un signe qui ouvre le chemin. La pierre, le poème, la petite prose : beauté de ce glissement simple et insolite.
Ces lauzes invitent ainsi à passer d'un lieu à un autre, d'un temps à l'autre, du réel à l'imaginaire, le tout dans l'élan d'un mouvement. Comme les pierres de gué qui font oeuvre de passage. Et l'on s'enchante d'aller « à sauts et à gambades », de s'abandonner à l'art subtil de ces miscellanées. (...)
Sous les lauzes, les rêves, pourrions-nous dire. Car la résonance de la prose d'Angèle Paoli est celle-là même des rêves. Plus que de lieux réels, il est question en ces pages de paysage mental modelé par la force vibrante de l'imagination.
Marie-Hélène Prouteau
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