Hörer des Wortes (L'auditeur de la parole, 1941), ainsi que son frère jumeau Geist in Welt (L'Esprit dans le monde, 1939), sont les deux porches d'entrée philosophiques de l'oeuvre théologique de Karl Rahner. Le lecteur dispose ici, pour la première fois, de la possibilité de suivre la genèse de Hörer des Wortes à la trace, en faisant une lecture synoptique des deux versions de l'ouvrage : la version originelle de 1941 et la version remaniée, due à Johann Baptist Metz, datant de 1963.
Se mettre à nouveau à l'écoute de la première version n'est pas un luxe ; c'est, au contraire, se plonger dans une situation comparable à celle des auditeurs de la série de leçons publiques que Rahner donnait en 1937 dans le cadre des Salzburger Hochschulwochen qui furent à l'origine de l'ouvrage.
Aujourd'hui, comme à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Rahner nous prend à témoin d'un travail de pensée et de compréhension unique en son genre, auquel on peut appliquer sans hésiter le beau titre cartésien de « méditations métaphysiques ».
« Toute métaphysique est une affaire laborieuse dès qu'on ne se contente pas d'en parler, mais qu'on la fait », lisons-nous dans L'auditeur de la parole. Je serais tenté d'appliquer la même formule à ce qu'on appelle de nos jours « déconstruction » de la métaphysique. Elle aussi devient une « affaire laborieuse » si l'on ne se contente pas d'en proclamer la nécessité, mais qu'on tente de la mettre réellement en oeuvre. « L'avidité impatiente de notre propre subjectivité » que dénonce Rahner ne se rencontre pas seulement dans le camp des métaphysiciens qui se font rares, mais aussi dans le camp des antimétaphysiciens empressés.
Jean Greisch
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