Oh la pétoche de l'aube ! [...] Cette lumière n'a pas de couleur... Nous ne voyons que la photo du monde. [...] Rien ne nous regarde... On voit la grande inconscience de la création.
Parce qu'elle est illimitée, impalpable, insignifiante, l'aube est, sans doute, la meilleure métaphore du réel. Cette « fabrique de l'aube » n'est donc pas une oeuvre au sens traditionnel du terme. Comme son objet même, elle est un processus, un mouvement d'expansion qui n'a pour limites que le terme provisoire de ces pages, mais qui se poursuit inlassablement à travers tous les autres livres de l'auteur.
Tout un hiver, celui de 1912, je l'ai passé à Paris. J'habitais boulevard Saint-Michel, à l'Hôtel de Suez. Je travaillais la nuit, comme maintenant. Quand je sentais que l'aube approchait, j'éteignais ma lampe à pétrole. Malgré le froid, j'ouvrais ma fenêtre et je guettais l'aube avec la patience d'un poète et la fièvre d'un amoureux. Cet éveil de la nature, cette naissance du monde, durait une seconde... C'est avec beaucoup de secondes que j'ai fait mon livre L'Aube...
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