Comment l'atroce assassinat du comte de Flandre, en 1127, a bouleversé les esprits et ébranlé une société.
Le 2 mars 1127, mercredi des Cendres, le pieux et bon comte de Flandre Charles est agenouillé en prières dans l'église Saint- Donatien de Bruges, lieu sacré. Un commando fait irruption et, par-derrière, le poignarde. Les auteurs et commanditaires de ce crime monstrueux appartiennent au proche entourage du comte Charles, dont ils craignaient d'avoir encouru la disgrâce et qu'ils cherchaient à remplacer par un seigneur concurrent. S'ensuivent, à Bruges et dans toute la Flandre, des péripéties d'une extrême violence, avant que le roi Louis VI le Gros, dont le comte de Flandre est un puissant et fidèle vassal, fasse bonne justice et impose son propre candidat à la couronne comtale. Un témoin, Galbert de Bruges, a tout raconté dans un prodigieux récit.
Cet épisode, qui eut un immense retentissement, permet de mettre en lumière les moeurs et les rites de la chevalerie, l'émergence politique d'une bourgeoisie consciente de sa puissance et de ses droits, l'exercice de l'autorité royale, le poids de la religion, le meurtre du comte Charles ayant fait de lui, aux yeux de ses sujets, un martyr. Rarement le Moyen Age à son apogée a été ainsi révélé de l'intérieur.
Ancien élève de l'ENS et ancien membre de l'Ecole française de Rome, agrégé et docteur en histoire, Laurent Feller est depuis 2004 professeur d'histoire du Moyen Age à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, spécialiste d'histoire économique et sociale, et membre de l'Institut universitaire de France. Il a notamment publié Eglise et société en Occident, du début du VIIe au milieu du XIe siècle et Paysanset seigneurs au Moyen Age, VIIIe-XVe siècle.
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