24 octobre 1871, 3 heures du matin, maison de santé d'Evere. Laurent Dumoulin, interné la veille dans cet établissement destiné à l'accueil de ceux que l'on dit alors « aliénés », est pris d'un accès de fureur. Se sentant menacé par ses compagnons de chambrée, il terrasse deux de ceux-ci, qui trouvent la mort sous ses coups. Les conséquences dramatiques de cette rixe mènent à l'ouverture d'une instruction judiciaire, qui met en évidence une longue série de défaillances dans la gestion de l'asile.
Au fil de cet ouvrage, l'histoire de la maison de santé d'Evere est retracée, depuis ses débuts exemplaires peu de temps après la promulgation, en 1850, de la première loi belge en matière de prise en charge des aliénés, jusqu'aux poursuites. Un instantané de l'asile est reconstitué au moyen du volumineux dossier judiciaire de ce que l'on a rapidement nommé « l'affaire d'Evere » ainsi que d'autres sources, parmi lesquelles les archives de l'établissement. Une place importante est laissée aux témoignages, qui offrent un éclairage brut sur ce que pouvait être le quotidien dans cette institution au début des années 1870. Ce que révèle l'enquête, largement médiatisée, émeut profondément l'opinion. L'affaire fait scandale et la seule réponse judiciaire apparaît tout à fait insuffisante. Les médecins aliénistes saisissent l'occasion pour faire valoir des revendications qu'ils portent depuis quelque temps déjà et auxquelles les abus constatés à Evere semblent donner raison. L'aile progressiste du parti libéral tente quant à elle d'imposer une réforme ambitieuse, qui aurait pour effet de responsabiliser davantage l'État belge dans la prise en charge des aliénés. Depuis le procès de l'affaire jusqu'à la promulgation de la nouvelle loi en 1873, ce sont donc aussi les multiples réactions provoquées par le scandale qui sont envisagées.
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