Au terme d'une ascèse picturale initiée par Malévitch, Duchamp opère l'ultime réduction de l'œuvre d'art sous la forme du ready-made. Aucune esthétique, aucune pratique ne pourra désormais se dispenser de réfléchir sur ce qui constitue le corps de l'œuvre, le mode de sa présence, l'index de sa réalité. Confrontée au problème de la définition de l'œuvre, la modernité va devoir interroger l'incertitude pesant sur l'essence du sensible depuis Platon, incertitude rendue plus évidente encore après l'effondrement du discours onto-théologique qui donna sens à l'art et accompagna son histoire. Esthétique révélée et esthétique déplacée-retardée, révélation du sensible par un Manifeste et Conception du sensible hors de sa présence vont toutefois imposer au champ esthétique un recours permanent à de vieilles figures de la pensée : nominalisme, réalisme, apophatisme, etc.
Nous nous proposons de suivre ici les résurgences de cet implicite et surprenant discours onto-théologique qui gagne aujourd'hui expressions plastique et critique. Comme si un tel discours se ranimait à l'évocation d'un objet singulier qu'on ne peut arracher totalement à une forme de transcendance : l'œuvre d'art.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.