Penser la question de la valeur en art, la question des valeurs de l’art, à un moment où la promotion semble massivement prendre la place de la critique, cela revient à articuler après d’autres (et profitant de leurs acquis, du recul sur leurs réflexions) art et éthique. La traversée de ce questionnement se fera en trois temps. D’abord en revenant sur les instruments de mesure que l’on doit mobiliser pour interroger à nouveaux frais une économie de la valeur esthétique. Puis, en analysant certaines mises en œuvre exemplaires de la Modernité, des petits Romantiques aux Situationnistes. Car il y a bien une spécificité moderne de ce questionnement, qui n’est pas seulement théorique puisqu’il conditionne le contenu même des œuvres de Mallarmé, Proust ou Péguy. C’est cette fabrique des valeurs qu’il faut enfin décrire et analyser : en élargissant le champ du côté de la paralittérature, de la valorisation récente de la littérature de jeunesse, des enjeux de la traduction ; en examinant comment Jules Verne a été ou non reçu comme texte véritablement « littéraire » ; en laissant à King Kong, ce monstre ambivalent du cinéma parlant, non pas le mot de la fin mais le pouvoir de reconduire l’envoûtement des œuvres qui nous ravissent. Pouvoir sans lequel il n’y aurait simplement aucun sens à reposer la question de la valeur, c’est-à-dire de la force, de l’art.
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