«Les XVIIIe siècles ont vu éclore des talents de science
et de droit. Les mathématiques, la botanique, la géologie,
la physique, la géographie seront des motifs d'évasion vers les
secrets du monde ou les armes des hommes. Le droit est l'une de
ces armes : l'éprouvette ou le compas vont être posés aux côtés
d'arrêts de Cours de justice ou de livres de droit.
Il s'agit d'échapper à l'obscurité et à l'irrationalité. L'expérience
joue un rôle considérable. Il n'est plus possible de croire sans
voir. Il n'est plus possible de dire sans garantir. La garantie passe
(également) par des droits. Il n'est plus possible d'expérimenter ou
d'opérer sans le respect de la dignité ou de l'individualité.
Le parcours n'est pas sans heurts. On se dispute, on se ferraille,
on s'empoigne pour accepter ce qui paraît naturel au droit français
du XXIe siècle. L'homme ne peut être un outil de la science sans
son consentement et le respect d'un ordre (qui va devenir public).
Il n'est pas étonnant que la science et le droit s'associent ou
qu'ils trouvent des chemins pour s'entretenir. Tous deux sont des
causes de remue-ménage. Le cerveau aime se mettre à la disposition
des incertitudes. Il est (souvent) prêt à s'installer dans l'ombre des
complications.
Certains hommes ont pourtant arraché cet organe humain
qu'est notre machine à penser des griffes de la bêtise.»
Catherine Puigelier
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