La porte du toril s'ouvrit et, dans un frémissement propagé jusqu'au dernier gradin, les spectateurs virent, précédé des chevaux noirs et des panaches violets des alguazils, le cortège scintillant de la quadrilla déboucher de l'ombre et s'avancer, irriguant le sable de la piste de son mince filet aurifère. Le paseo, le premier depuis tant d'années de guerre morne, charria ses pépites, ses rubis, ses améthystes, ses émeraudes, à travers le désert ovale, sous le soleil de mai, les bravos et les cuivres de l'orchestre, jusqu'à la présidence, jusqu'à moi. La crue d'or et de pierrerie se résolut en une frange de visages luisants, inclinée pour le salut. Je vis Manuelito écraser sa cigarette avec fureur, empoigner sa cape, s'élancer au-devant de la bête qui promettait d'être sournoise, oblique, flairant vite le manège des muletas, s'arrêtant net au lieu de foncer sur l'étoffe et cherchant l'homme. Manuelito l'entoura de passes très serrées d'une audace folle, éberluant l'animal, brisant ses réflexes trop rapides. Le taureau se détourna de ce joueur trop fin, se rua sur un cheval mal défendu, l'éventra. La course prit un rythme haletant et maléfique.
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