C'est à celle qui eut le privilège d'étreindre le Christ vivant qu'est accordé celui de témoigner la première de sa résurrection. Mais elle ne reconnaît pas le Ressuscité lorsqu'il se présente à elle. Le Christ l'appelle alors par son nom, et Marie reconnaît son Seigneur. Mais elle ne devra plus le toucher.
Pour méditer cet épisode capital et en restituer la profondeur, trois auteurs réunissent ici leur voix : un écrivain, un exégète et un historien de l'art.
Triple douleur induite par l'absence de l'être aimé, le cadavre enlevé de son tombeau, le corps glorieux qui se refuse au toucher ; mais aussi vase, crâne, parfum, grotte, reliquaire, tous les objets du deuil et du miracle : Marianne Alphant dresse la scène du Noli me tangere, cette longue histoire d'un contact interdit. Guy Lafon montre comment la parole du Christ ressuscité apprend à voir et plonge dans un autre temps, celui de la montée du Fils vers son Père, contact indéfiniment différé, délai accueilli comme la vérité du temps. Daniel Arasse, analysant le Noli me tangere de Titien (1512), et des œuvres de Corrège, Bronzino, Barocci, Holbein, met l'accent sur les limites de la figuration : incapable de représenter le corps du Christ ressuscité, la peinture a eu tendance à faire de cette scène ineffable un épisode de séduction.
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