Jérusalem, livre majeur de Moses Mendelssohn, est une apologie du judaïsme. Apologie dans le sens de Socrate : sommé de répondre aux accusations des hommes de la cité, Mendelssohn, le « Socrate de Berlin », doit répondre de soi. Peut-on être juif et éclairé à la fois ? Le juif des Lumières est-il pensable ? Peut-il exister ? Face à la critique moderne du judaïsme - celle qui trouve sa formulation la plus accomplie dans le Traité théologico-politique de Spinoza -, Mendelssohn formule une réponse fondamentale, inaugurant ainsi la pensée juive moderne.
Entendre cette réponse nécessite une lecture attentive de Jérusalem. Inspiré par la leçon de Franz Rosenzweig et d'Emmanuel Levinas, et dans le sillage de l'enseignement de Benny Lévy, L'Apologie de Mendelssohn tente une telle lecture. Lecture sensible au retour à Platon s'opérant discrètement dans le penser de Mendelssohn : le Platon dialoguant, celui attaché à la vérité d'existence plutôt qu'à l'exactitude mathématico-logique. Mais lecture sensible aussi au retour à la sagesse des maîtres d'Israël qui s'opère nettement au sein de Jérusalem. Sagesse qui sait penser le commandement divin non pas comme loi politique mais comme possibilité singulière d'accorder vie et vérité. Sagesse permettant ainsi de repenser le sens de l'élection d'Israël et son rapport à l'universalisme.
Mendelssohn a-t-il su rester fidèle à l'enseignement des maîtres d'Israël ? A-t-il pu accorder jusqu'au bout élection et universalisme ? Question ultime que pose L'Apologie de Mendelssohn, permettant enfin d'examiner les limites qu'il impose à la pensée juive dans son oeuvre.
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