Etel Adnan est au coeur de l'histoire humaine dans son immédiateté, ses contours surprenants, ses défaites, ses deuils, ses éclats d'imaginaire, sa solidarité. Elle est au coeur du combat poétique, elle affine l'arme de l'art pour mieux vivre et appréhender le monde. Sa poésie est fondatrice à la manière de la Beat Génération, mais avec une conscience plus aiguë, plus radicale. Et cela s'explique : la beauté sans nom et le martyr du monde arabe moderne sont au coeur de son cantique qui traverse les consciences et les civilisations. Beyrouth, Homs, Palmyre, Mexico, les noirs, les arabes, les indiens sont pris dans le vertige d'un soleil androgyne : ce soleil qu'Etel Adnan nomme indien et zoroastrien. Elle puise le suc du passé multiple pour extirper quelque chose de vivant dans la pourriture actuelle où guerres, massacres et infamie ont la part belle. Même les futurs astronautes sont partis pour des funérailles lunaires. Etel Adnan embrasse quelques bribes de merveille, de royauté perdue pour rebondir dans les entrailles du réel et retrouver désir, lumière crue et paix. Et même si dans son élan. Mao rejoint la quête de Rimbaud insurgé et Baudelaire saigne au détour de la réalité, que la culture brûle aussi dans Tell El Zaatar martyr, Etel Adnan tient bien la course de sa jument extra-lucide.
« Indiens et Arabes livrent bataille à reculons à reculons »
Cette réédition de « l'Apocalypse Arabe », dont la première édition date de 1980, était devenue urgente tant la vibration essentielle de ces textes est d'actualité. Ce livre est prophétique car non seulement il a su montrer l'ampleur de la plaie avec une longueur d'avance (comme toute vraie poésie) mais il continue de tracer le sillon d'une nouvelle culture, d'un nouvel humanisme...
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.