Ce livre renoue avec un moment doublement fécond : l'invention, par
Claude Lévi-Strauss dans les années 1940, d'une «anthropologie
structurale», fruit de la rencontre avec la linguistique de Roman
Jakobson ; puis l'adoption, la décennie suivante, du structural en psychanalyse,
par Jacques Lacan. Les auteurs restituent la vigueur de ces
échanges et soulignent des points de convergence, connus ou moins
connus. Ainsi, retrouve-t-on le concept de structure dans ses usages
désormais classiques : phonologie, systèmes de parenté, langage des
mythes. Mais on le découvre aussi mis à l'épreuve de la fonction poétique,
par Jakobson ; et soumis au bouleversement des dernières thèses de
Lévi-Strauss sur la musique.
En psychanalyse, la structure n'a d'abord été importée qu'à la condition
d'un paradoxal «sujet de l'inconscient», qui se démarque de l'inconscient
structural lévi-straussien. Mais, par la suite, Lacan retrouve les transformations
internes au structuralisme, quand, s'éloignant du modèle linguistique,
il affirme sa notion de «lalangue», quand il repense la structure
au moyen du noeud borroméen, ou met en crise la totalité, avec le
«pas-tout» des formules de la sexuation.
Cette rencontre tardive des trois grandes oeuvres réserve-t-elle de la
structure un autre usage ? C'est ce dont, au terme de la réflexion proposée
ici, on pourra peut-être décider. Le présent ouvrage fait suite à un
colloque initié en automne 2005 par quelques-uns (Marion Abélès,
Marcel Drach, Michel Izard, Marie Mauzé et Bernard Toboul). Informé de
ce projet, Claude Lévi-Strauss a accepté de l'entendre avec bienveillance.
Mûri dans le sillage de ce colloque, ce livre lui est offert en hommage.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.