Arthur : Vous ramenez tout à
la minable combine d'un
inconnu qui vous fait le coup
du mélo pour extorquer une
obole. ... Vous me décevez.
Benoît : Vous pourriez vous
défendre. "Oui, j'ai souvent
pensé à vous. Chaque jour, je
me disais : je vais m'acquitter.
Hélas, je reporte, je suis faible.
Je devrais faire des sacrifices,
économiser". ... Vous auriez pu
m'écrire un mot.
Arthur : Je suis lâche, vous
l'avez dit.
Benoît : Pas lâche. Faible.
Arthur : J'ai pris de vos
nouvelles, quoi que vous
pensiez. ... Vous êtes en bonne
santé. Il ne vous est rien arrivé
de néfaste. Somme toute, il ne
vous arrive rien. Je veux dire :
rien de grave...
Benoît : Sachez, Monsieur, que
vous me forcez à mentir pour
ne pas vous plonger davantage
dans l'embarras. Sachez,
Monsieur, que si vous aviez
daigné frapper à ma porte, je
vous l'aurais ouverte !
Ce jour-là, au milieu de la foule, dans
ce grand magasin banal à pleurer, ils se
sont rencontrés... Rencontre furtive,
grave, émouvante, entre deux hommes
singuliers : l'un apparemment
déboussolé par une accumulation de
malheurs relevant du mélodrame ;
l'autre bouleversé par cet univers
intime et passionnel qui tout à coup
s'impose à lui.
Un an plus tard, ils se retrouvent.
Comment démêler le vrai du faux dans
ce jeu ambigu où la douleur de l'un
rassure l'autre en lui donnant une
raison de vivre et d'espérer ?
Le théâtre de Jean Louvet s'est d'abord
inscrit dans les luttes sociales avant de
s'élargir au rôle de l'intellectuel, à l'amnésie
culturelle, à l'aliénation marchande. Depuis
quelques années, il aborde l'exclusion,
l'extrême droite, la crise de représentation...
Joué en Belgique, en France, aux Pays-Bas,
souvent traduit, Jean Louvet est une des
figures marquantes de l'écriture dramatique
belge contemporaine.
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